http://www.parismatch.com/Actu/Faits-di ... le-1341317
Paris MatchActuFaits divers
Maëlys : mobilisation générale
Paris Match| Publié le 08/09/2017 à 07h07
De notre envoyée spéciale en Isère Emilie Blachère
Une photo de Maëlys, postée sur Facebook avant la disparition.Une photo de Maëlys, postée sur Facebook avant la disparition.
DR
De la France entière, des volontaires sont venus prêter main-forte aux gendarmes pour retrouver la petite fille.
Dans les fossés en bord de route, sur les chemins boueux, au milieu des buissons de ronces ou les pieds dans l’eau glacée du Guiers, ils cherchent. Ils sont habillés de gilets de sécurité jaune fluo, de treillis militaires, ils ont des chiens. Ils veulent y croire. Retrouver Maëlys de Araujo, 9 ans, 1,30 mètre pour 28 kilos, yeux marron, peau mate et cheveux châtains. Ils ne veulent pas, dans leur village, dans leur forêt, d’une nouvelle Estelle, d’une nouvelle Marion, ces deux sourires sur des photos jaunies. Elles avaient disparu sur le chemin de l’école ; pour Maëlys, c’est par un mariage que tout a commencé.
Celui d’Anne-Laure a été célébré le 26 août, à Saint-Martin-de-Vaulserre. La chaleur était écrasante ; la fête, joyeuse. Cent quatre-vingts invités, réunis à la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin. Parmi eux, Jennifer, 37 ans, venue spécialement du Jura, avec son compagnon, Joachim, d’origine portugaise, et leurs deux filles, Colleen et Maëlys. Des enfants du pays, partis, il y a deux ans et demi, à 240 kilomètres, dans un village perdu de 800 habitants. Jennifer est infirmière, Joachim travaille en Suisse. A la rentrée, Maëlys est attendue dans la classe de CM1 de l’école des Barbouillons. Tous les voisins vous diront qu’ils la voyaient passer à vélo, avec sa sœur aînée, ou promener sa chienne, Lady. Une petite fille qui aurait pu vouloir monter dans une voiture, pour y caresser un chien. Mais qui est timide avec les adultes qu’elle ne connaît pas. C’est ce qui va orienter les enquêteurs vers un proche.
A 2h45, la petite fille échange encore quelques mots avec sa grand-mère
Une vingtaine d’enfants participent à la noce. « C’était comme une fête sur la place d’un village. C’était joyeux ! » dira plus tard une invitée. A 1 h 30 du matin, le DJ prévient que la baby-sitter engagée pour l’occasion va rentrer chez elle, et que « les parents doivent désormais surveiller leurs petits ». Certains dorment déjà sur des matelas, dans une pièce à l’écart. « Maë » est de ceux qui refusent d’aller se coucher. Elle ne veut rien rater. A 2 h 45, la salle est clairsemée. De nombreux invités s’éloignent, saluant les fumeurs qui s’attardent. C’est le moment où la petite fille échange encore quelques mots avec sa grand-mère. Après, plus rien. Le silence. Elle s’est comme évaporée.
A 3 heures du matin, ses parents commencent à la chercher. Le DJ fait une première annonce pour demander si quelqu’un a vu Maëlys. Silence. La musique se tait. Les derniers fêtards seront les premiers à la chercher. Dans les recoins de la salle, dehors sur le parking, dans les bois autour, près du lycée en contrebas. Certains prennent même leur voiture. Des dizaines de témoins sont là, mais personne pour avoir noté quelque chose, un détail. C’est à devenir fou. Il y a ceux qui répètent qu’elle s’est sans doute endormie, ou qu’elle doit jouer quelque part. Mais ils sont de moins en moins nombreux. Bientôt, c’est la panique. « Un cauchemar apocalyptique ! » s’écriera une invitée. Maëlys est introuvable. A 3 h 57, les policiers et les gendarmes sont alertés. La fête s’achève dans les larmes.
Une dizaine d'invités ou de voisins apparaissent dans le fichier des auteurs d'infractions sexuelles
Alors que le lendemain, dimanche, le soleil se lève, les invités se retrouvent confinés, sous le choc, abattus par le manque de sommeil et l’attente. Ils resteront enfermés jusqu’à 19 heures. « Nous étions tous persuadés que Maëlys avait été enlevée. Les gens se soupçonnaient les uns les autres. Tout le monde pensait : “Le kidnappeur est peut-être l’un d’entre nous !” Imaginez… » Les vidéos, les photos souvenirs d’un jour de fête sont confisquées, saisies. Les identités, relevées, examinées. Et la découverte est effrayante : une dizaine d’invités ou de voisins apparaissent dans le fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAISV). Y sont inscrites des personnes ayant fait l’objet d’une condamnation, d’une mise en examen, d’une composition pénale, voire d’une décision de non-lieu, relaxe ou acquittement pour un délit ou un crime à caractère sexuel ou violent.
Un appel à témoins est déjà lancé pour « disparition inquiétante ». Ils sont près d’une centaine sur le terrain, mais « tous les hommes que je commande [ils sont 1 500] accordent une attention particulière à ce dossier », insiste le colonel Yves Marzin, commandant du groupement de gendarmerie de l’Isère. Le lundi, le parquet de Bourgoin-Jallieu ouvre une enquête pour « enlèvement ». Le mardi, des renforts arrivent. Six maîtres-chiens appuyés par un hélicoptère, des plongeurs de la brigade nautique d’Aix-les-Bains et des spéléologues sondent le Guiers et des plans d’eau, fouillent toutes les cavités. Les heures passent. On étend les recherches. « Il y avait deux autres soirées à proximité, avec 70 autres témoins potentiels. » Deux cent dix personnes sont auditionnées, une quarantaine de domiciles perquisitionnés. Les enquêteurs reçoivent l’assistance d’Anacrim, le logiciel qui met en rapport la multitude d’éléments recueillis, les synthétise, constate d’éventuelles contradictions.
Avec nos gosses, il jouait le tonton rigolo. Il a le sourire facile
Trois chiens renifleurs sont entrés en scène, dont deux vedettes, des chiens de Saint-Hubert. Tous « marquent » au même endroit : à l’entrée du parking. « Cela signifie peut-être le départ en véhicule de la petite Maëlys », se risque le colonel Marzin. Des enquêteurs de la police technique et judiciaire fouillent les voitures, notamment la Citroën blanche du gardien de la salle des fêtes, et l’Audi A3 de N., un maître-chien intérimaire de 34 ans, ami du marié. N. est un ancien militaire, à la silhouette musclée, trapue, nerveuse. C’est au sein de l’armée de terre, chez les paras et dans la Légion, qu’il s’est spécialisé dans le dressage canin. « Il a un don, affirme un voisin, et un amour inconditionnel pour ses bergers belges malinois. » Ces derniers temps, confie son avocat, N. était en arrêt maladie. Une de ses amies explique : «Il a quitté son appartement pour des raisons économiques et il est retourné vivre chez ses parents et son frère. Il traverse une période difficile. Il y a quelques mois, il aurait rompu avec sa copine, il le vit très mal… » Mais beaucoup évoquent un garçon sympa, « fan de vitesse et casse-cou, mais pas dangereux. Avec nos gosses, il jouait le tonton rigolo. Il a le sourire facile », jure une connaissance. D’autres se montrent moins confiants : « Depuis plusieurs années, il fréquente des gens impliqués dans le trafic de drogue. » Ses antécédents judiciaires ne plaident pas en sa faveur : dégradation de biens, incendie volontaire de bien privé, cambriolage, usage de stupéfiants, vol à la roulotte.
L'homme mis en examen. L'homme mis en examen.
© DR
Les gendarmes interrogent N. une première fois le jeudi 31 août. On a remarqué sa proximité avec les enfants. Sa disparition précipitée au moment où Maëlys s’est volatilisée est troublante. Selon deux invités, une légère altercation aurait eu lieu entre Joachim de Araujo et N. : « Le père de Maëlys n’a pas apprécié que N. montre à sa fille des vidéos », nous disent-ils. « Surtout, il n’a pas participé aux recherches... » Les gendarmes lui demandent pourquoi il a nettoyé sa voiture le dimanche, de fond en comble, et pourquoi il porte des griffures aux bras et aux genoux. Il a réponse à tout. Sa disparition : il est allé se changer parce qu’il s’était sali avec du vin. Les égratignures ? Des framboisiers. La voiture ? Il la vend. N. est rejoint en garde à vue par un deuxième homme, du même âge. Il s’agirait de les confronter. Mais très vite, ils sont relâchés. Les gendarmes n’ont pas attendu l’expiration du délai légal. A Pont-de-Beauvoisin, on ne sait si l’on doit se réjouir.
Cela me bouffe le ventre de ne pas me rappeler chaque seconde, chaque minute
Le résultat des tests effectués sur les prélèvements dans l’Audi va tout changer : ils montrent une trace d’ADN de Maëlys sur une commande du tableau de bord de la voiture de N. Et alors ? Le maître-chien en convient, Maëlys est montée à l’arrière de son véhicule. Mais c’était en même temps qu’un petit garçon de 5 ans. Ils voulaient vérifier si ses chiens étaient bien dans le coffre… Et puis, c’était bien avant la disparition.
Huit jours après le drame, il est mis en examen et placé en détention provisoire. La fin heureuse dont rêvait Sophie, une jeune maman invitée au mariage, s’éloigne. « Je n’ai presque pas dormi de la semaine. Je ressasse cette journée et cette maudite soirée, encore et encore. Je cherche. Un indice, un comportement, tout ce qui pourrait aider à retrouver Maëlys. Cela me bouffe le ventre de ne pas me rappeler chaque seconde, chaque minute. J’ai peut-être vu quelque chose et je ne me souviens de rien. Plus j’y pense, plus j’oublie. Cela me rend malade ! Et Maëlys est seule, peu t-être séquestrée, déjà loin. Ou pire encore… » Un mot qu’elle refuse de prononcer. Comme elle, ils sont nombreux à continuer d’y croire, à continuer de chercher.
Lire aussi. Disparition de la petite Maëlys : ce que l’on sait du suspect
A 7 h 30, ce samedi 2 septembre, ils s’étaient retrouvés pleins d’espoir sur le parking du lycée. Des gamins, des chasseurs, des retraités, des amis de la famille ou des inconnus, venus de toute la vallée, à l’appel des réseaux sociaux. Ni la pluie fine ni la température fraîche ne les ont découragés. Mais comme de mauvais chiens de chasse, ils n’ont rien rapporté qu’une chemise déchiquetée, un marqueur rouge, une chaussette grise, des bouteilles de bière en quantité — rien de Maëlys, de sa robe blanche, de ses nu-pieds. Alors, entre rares éclaircies et averses violentes, les sourires se sont estompés, les visages se sont fermés. Et la nature si sereine, si apaisante, est devenue, aux yeux de tous, ce qu’elle peut être pour une enfant perdue la nuit. Un monstre, hostile et froid.
___________________________________________________________
Korrektur:
N. hat doch einen Audi A3...
die Malinois waren im Kofferraum...
die DNA mehrfach am Armaturenbrett...
Ich habe heute wenig Zeit, übersetze aber gerne später....Gänsehaut!
Der Vater von Maelys arbeitet in der CH....OO